La viticulture
La réputation des vins capcorsins – blancs, rouges, muscats et vins cuits – repose sur des savoir-faire ancestraux transmis sur plusieurs générations, y compris à des femmes. Avec 52 hectares en production (2020), concentrés essentiellement à la pointe Cap Corse, cette filière et ses deux AOC dégagent un chiffre d’affaire estimé à 1,7 million d’euros. Les viticulteurs du Cap, qui emploient 15 personnes et produisent près de 1000 hectolitres par an, jouent la carte d’une tradition matinée de modernité et mettent en avant l’originalité d’un « vignoble sur la mer », terroir argilo-schisteux balayé par le vent et les embruns.
Les premières vignes cultivées sur les domaines actuels du Cap Corse datent du XVIIe siècle. Victimes du phylloxera qui en ravagea une grande partie durant l’année 1873, ces exploitations connurent un second souffle à compter des années 1950, à l’instar du Domaine de Gioielli qui fut acheté en 1952 par Ange-Louis Angeli à une vieille famille génoise. Un peu plus de vingt ans plus tard, les vignerons capcorsins initiaient une démarche qualité avec la création, en 1976, de l’AOC Coteaux du Cap Corse. Puis, le temps d’une autre génération, naissait, en 1993, l’AOC Muscat du Cap Corse (également rattachée à l’AOC Patrimonio).
Avec une production destinée à 70% à la consommation locale et à 30% à l’exportation, six domaines se partagent aujourd’hui ces deux appellations : le domaine De Pietri et le Domaine Paoli occupent respectivement sept et quatre hectares sur la commune Morsiglia ; le Domaine Pieretti couvre seize hectares essentiellement à Luri, avec quelques parcelles sur Pietracorbara et Meria; le clos Nicrosi compte dix hectares à Rogliano ; le Domaine De Gioielli a pour lui neuf hectares à Rogliano. La Casa Angeli, la plus petite exploitation viticole de Corse, s’en tient à un hectare en muscat. Il faut ajouter la Terra di Catoni, un vignoble de cinq hectares en IGP (Indication géographique protégée).
Dans les caves du Cap, l’équipement high tech côtoie les vieux pressoirs, tandis que sur les coteaux, d’anciennes méthodes de vinification ont toujours cours comme celle, à même la lauze, du « passerillage » qui a donné son nom au fameux muscat, l’impassitu. Vivifiées et assainies par l’air marin, les vignes du Cap Corse ont pour elles un terroir unique. Des sols argilo-schisteux nourrissent les cépages traditionnels tels que l’alicante, variété de grenache noir typique de la micro-région. L’aleatico, lui, donne le « rappu », vin cap-corsin aussi rare que doux et dont la renommée n’a d’égale que celle du célèbre apéritif au quinquina, le « Cap Corse Mattei ». Présents également dans le Cap : le vermentinu ou « malvoisie de Corse » dont son issus des blancs parmi les meilleurs de Méditerranée ; le sciaccarellu, qui permet l’élaboration de rosés fruités et de rouges de bonne garde ; et le niellucciu, cépage noir proche du « sangiovese », qui offre en bouche des vins charpentés.